160 morts au Burkina : Dr Abdourahmane Diouf très touché par cette attaque

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Dans la nuit du 4 au 5 juin 2021, des civils ont été tués, par des hommes armés, dans le village de Solhan de la commune de Sebba, au nord du Burkina Faso. Les informations des dernières heures font état d’un bilan relevé à 160 morts. La plupart sont des jeunes, à la fleur de l’âge. Ils sont morts par la cruauté et par l’inhumanité de forces aveugles. Nous condamnons fermement cet acte de lâcheté et nous solidarisons du peuple des Hommes intègres, qui subit ainsi l’attaque la plus meurtrière depuis le début des violences djihadistes en 2015.
A ce jour, des efforts ont été consentis pour enrayer la menace dans la région soudano-sahélienne. Mais, nous sommes surpris de la faiblesse de l’émotion institutionnelle africaine, et par-delà mondiale. Cent soixante vies humaines massacrées dans des conditions atroces ne suscitent pas autant d’émoi que pour deux et trois otages tués dans la même région, dans les mêmes circonstances. Loin de nous toute posture d’une concurrence victimaire malsaine. Un mort est un mort. Il nous touche et interpelle notre humanité. Qu’ils soient Blancs ou Noirs, Africains ou Occidentaux, ces victimes nous renvoient à nos vulnérabilités sociogéographiques certes, mais interpellent aussi nos insuffisances de réponses sécuritaires. La banalisation des pertes humaines africaines, traitées et considérées comme faits divers encombrants, est une négation de notre contribution à la marche de l’humanité. Que la Communauté internationale ne s’en émeuve que par pétition de principe ; que les médias internationaux n’en assurent qu’une couverture minimaliste passent encore. Mais que nos propres autorités fassent la sourde oreille, se calfeutrent dans une passivité incompréhensible, corrobore le peu d’estime que nous avons de nous-mêmes et dont l’effet miroir conditionne le comportement de nos amis étrangers. Si nous banalisons nos morts, nous ne pouvons nous alarmer du peu de considérations que les autres en font.
Ce sont des Burkinabé qui sont tués, dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces pays de l’hinterland sont un prolongement et une projection de nous-mêmes. Ils sont tous dans la continuité territoriale du Sénégal. Les peuples sont les mêmes. En ce que nous sommes et ce que nous représentons, nous sommes exposés au même viseur des terroristes et des brigands. Le Burkina Faso attaqué fait sauter les verrous qui nous rapprochent de l’horreur. Le Mali infiltré remet en cause nos fondamentaux et met à nu nos fragilités. Le Niger lointain, écorché, questionne nos faiblesses sécuritaires.
Le Tchad est un voisin lointain dont le sort est lié au nôtre. La Mauritanie est une partie du Sénégal qui se définit autrement. Nos carences économiques validées par nos micro-Etats sont les révélateurs de nos carences sécuritaires validées par nos micro-armées.
L’absence du Sénégal du G5 Sahel relève d’une illusion nationaliste de très mauvais aloi que ni la géographie, ni l’histoire, ni la socio-anthropologie, ni le contexte sécuritaire ne justifient. Les prouesses de son armée en matière de résolution des conflits et de maintien de la paix, partout en Afrique, placent notre cher pays comme incontournable dans la recherche et l’application de solutions efficaces et durables. Y adhérer et travailler à une approche commune est, plus qu’une urgence circonstancielle, une nécessité fonctionnelle. Voilà, modestement mais inéluctablement, comment le projet d’une approche sécuritaire régionale intégrée et souveraine, aura de meilleures chances d’aboutir, au grand bonheur des peuples. L’activation de notre armée régionale ouest africaine est une urgence, avec en ligne de mire une politique sécuritaire africaine à l’échelle du Continent.

Dr El Hadji Abdourahmane DIOUF — Dara Jombu Ñu
#lwili #Burkina #Afrique

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