Fatou Bensouda, la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI), a publié un communiqué en forme de mise en garde sur la situation en Côte d’Ivoire, qu’elle affirme suivre de près en raison des violences qui ont fait plusieurs morts ces dernières semaines.
Trois jours avant l’ouverture des bureaux de vote pour le premier tour de la présidentielle, ce samedi 31 octobre, Fatou Bensouda a publiquement pris la parole sur les violences socio-politiques ayant endeuillé la Côte d’Ivoire.
Dans un communiqué diffusé mercredi 28 octobre, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) s’est dite « profondément préoccupée par les rapports publics et les informations reçues par mon bureau, faisant état d’une recrudescence de violences graves depuis plusieurs jours dans des villes » du pays.
Violences intercommunautaires
« Je déplore particulièrement les allégations de violences intercommunautaires qui auraient causé la mort de plusieurs personnes, des blessés et des atteintes graves aux biens de la population civile. Ces actes pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la CPI », avertit-elle.
Ces dernières semaines, les violences ont été récurrentes dans différentes localités du pays. Mi-août, quelques jours après l’annonce par Alassane Ouattara de sa candidature à un troisième mandat contesté, des manifestations ont dégénéré en affrontements communautaires dans plusieurs localités telles que Divo, Bonoua ou encore Daoukro. Bilan : une dizaine de personnes tuées. Pouvoir et opposition s’étaient alors renvoyés la responsabilité de ces morts.
Après l’appel de l’opposition à la désobéissance civile, fin septembre, la tension s’est encore accentuée. Le 18 octobre, des affrontements communautaires ont éclaté à Bongouanou, fief de Pascal Affi N’Guessan, dont la résidence a par ailleurs été incendiée. Bilan : trois victimes.
Une trentaine de morts
Mais c’est surtout la semaine dernière à Dabou, à 50 kilomètres à l’ouest d’Abidjan, que les affrontements intercommunautaires ont été les plus violents. Selon un bilan officiel, 16 personnes ont été tuées et 67 blessées. Cinquante-deux individus ont par ailleurs été interpellés par les autorités, qui ont également saisi 12 fusils et 70 machettes.
Selon ces bilans, une trentaine de personnes ont donc déjà perdu la vie dans des violences avant le premier tour de la présidentielle. Beaucoup d’observateurs redoutent que celles-ci s’intensifient dans les jours à venir en raison du blocage politique entre Alassane Ouattara et ses opposants. Fatou Bensouda, dont le bureau mène toujours des enquêtes sur les crimes commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011, en fait visiblement partie.