Train Dakar-Bamako – DBF SORT DES RAILS : Le Sénégal et le Mali signent la fin de la transition, les cheminots dans l’incertitude

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C’est la confusion totale à Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf) suite à la signature d’un protocole d’accord mettant fin à la transition. Signé les 26 et 27 décembre 2019 à Bamako, il prévoit également le redéploiement du personnel et l’indemnisation de l’ancien concessionnaire Abass Jaber.

Dbf quitte les rails avec la fin de la période de transition. «Nous venons de voir, à notre grande surprise, un procès-verbal de réunion qui parle d’un protocole d’accord qui va mettre fin à la transition de Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf). Et pis encore, le protocole prévoit le redéploiement du personnel dans des entités appropriées», s’étrangle Mambaye Tounkara, qui faisait l’annonce hier face à la presse. Selon le président de l’Intersyndicale, «cela veut tout simplement dire que Dbf n’existe plus». En effet, explique-t-il, la décision a été prise lors d’une rencontre interministérielle te­nue à Bamako les 26 et 27 décembre 2019. Une rencontre à l’issue de laquelle le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Me Oumar Youm, et son collègue malien, Ibrahim Abdoul Ly, ont signé ledit protocole qui met fin à la transition à Dbf. Laquelle décision, selon le cheminot, «remet en cause tout ce qui a été décidé jusqu’ici sur le processus de relance et de mise en œuvre du schéma institutionnel». Parce que, renseigne-t-il, «les Etats du Sénégal et du Mali avaient pris la décision de résilier le contrat de concession en 2016 avec la signature des deux ministres de tutelle et des deux ministres des Finances. Et s’il s’agit de mettre un terme au processus engagé, cela doit se faire dans les mêmes conditions». Pourtant, relève Mam­baye Tounkara, «dans son message de vœux à la Nation le 31 décembre dernier, le président de la République avait bien souligné avec force son souhait et son engagement de relancer effectivement Dbf». Aussi, «dans la conférence de presse qui a suivi sa déclaration, il a été encore plus précis en affirmant que la reprise était imminente et que des locomotives seront réceptionnées courant janvier 2020. Il avait souligné par ailleurs que la rencontre interministérielle avait validé le Plan de sauvegarde d’urgence (Psu) qui a été proposé par l’Admi­nistrateur général et dont l’objectif est de créer les conditions d’une reprise de l’activité».

Indemnisation de Abbas Jaber
Il s’agit en effet, selon le plan de relance, de reprendre la circulation des trains entre Dakar et Tambacounda au cours du premier semestre 2020, après la reconstruction totale du pont de Touba Zam Zam par Dbf/Sénégal et l’équipement en locomotives fournies par les Sud-Africains, selon le modèle de la location avec maintenance. Un plan validé par les deux Etats qui s’étaient aussi engagés à le financer à hauteur de 10 milliards de francs Cfa chacun, en attendant de migrer vers le projet de réhabilitation du chemin de fer. Mieux, poursuit le syndicaliste, «le Président Macky Sall avait lui-même dit dans sa déclaration qu’en attendant de migrer vers ce processus, il faudrait que l’activité reprenne, ce qui est en phase avec la revendication essentielle des cheminots». Pour simplement dire, «si ce procès-verbal de Bamako remet en cause cette démarche, c’est parce qu’on est dans une totale confusion». Surtout que, souligne-t-il, «dans ce même procès-verbal il y a un processus de règlement à l’amiable avec l’ancien concessionnaire Abass Jaber pour son indemnisation». Ses soupçons prennent de l’épaisseur  à cause «des manipulations exercées par des gens tapis dans les ministères et qui font tout pour créer un désordre dans le secteur». Il regrette que «les cheminots ne soient pas représentés dans ces instances, là où l’avenir du chemin de fer à travers Dbf est discuté». Ainsi, il interpelle le Président Sall pour qu’il «apporte toutes les clarifications nécessaires». Ce, d’autant que «le Psu dont les premières phases sont en train d’être réalisées, en l’occurrence la réalisation d’un point, l’acquisition de locomotives, la gestion rigoureuse du foncier». Et pour lui, «la décision de redéployer les cheminots de Dbf va les envoyer au chômage en catimini et sans respect des lois». Dans son speech, le président de l’Intersyndicale des travailleurs de Dbf a regretté que «les partenaires sociaux ont toujours soutenu que la privatisation n’allait pas réussir, mais les pouvoirs publics leur ont forcé la main et aujourd’hui l’échec est constaté. Une transition a été installée et qui n’a jamais fait de résultats».

Fin de Dbf : Mali prend son train

La réunion secrète tenue à Bamako les 26 et 27 décembre 2019, entre le ministre Oumar Youm et son collègue malien Ibrahim Abdoul Ly, va certainement restructurer le secteur ferroviaire au niveau des deux pays. En effet, pendant que les cheminots sénégalais sont suspendus à la poursuite des discussions relatives au projet de réhabilitation du Dakar-Bamako ferroviaire proposée par la Banque mondiale, l’Etat malien, qui ne contribue plus dans la société depuis septembre 2017, travaille à relancer l’activité du train voyageur Bamako-Kayes et le train de marchandises afin de soulager les kayesiens, transporteurs et chargeurs du Mali. Dans ce cadre, Bamako a créé la Société du patrimoine ferroviaire du Mali (Sopafer). Laquelle société va employer les 500 cheminots maliens de Dbf. Les quelque 600 cheminots sénégalais, qui sont toujours dans le désarroi, attendent avec impatience la naissance de la Société des chemins de fer du Sénégal dont le projet de loi est sur la table du Président Macky Sall.

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