Pendant des semaines le quartier de Dougar (commune de Diamniadio) vit des violences caractérisées par un usage inapproprié et démesuré de la force publique. Les populations de cette localité de plus d’un siècle réclament les terres qu’ils ont occupées depuis des dizaines d’années, alors qu’une entreprise privée marocaine se considère à tort ou à raison comme le propriétaire de cet espace. Loin de vouloir engager un débat juridique sur la légalité de l’occupation des terres en question, il faut relever un fait : les populations de Dougar ont longtemps occupé cet espace pour y exercer diverses activités. Par conséquent toute attribution concernant ces terres devrait se faire avec une implication des occupants et surtout de l’autorité locale. Cette propension à vouloir imposer l’implantation d’un projet, fut-il d’utilité publique, n’est pas de nature à faciliter son appropriation par les populations. On a vécu l’expérience avec le pôle urbain de Diamniadio qui a engendré d’énormes difficultés aux populations de Deni Malick Guèye. On se souvient également de l’épisode Diop Sy qui avait abouti à la démolition de plusieurs maisons appartenant à des sénégalais qui ont remué ciel et terre pour pouvoir se doter de toits à la hauteur de leurs revenus. Récemment des démolitions ont été effectuées à Diamniadio sud extension. Dans l’analyse de cette situation deux questions nous viennent à l’esprit : Les autorités locales sont-elles suffisamment informées de ces opérations ? Malgré les besoins foncier exprimés par les populations, comment peut on toujours continuer à octroyer des terres à des privés qui en font un usage commercial ?Pour la première question, seule la municipalité de Diamniadio peut y apporter une réponse. Néanmoins nous constatons avec beaucoup de déception sa timidité face aux agressions subies par la population. En plus de nous embarquer dans une insécurité foncière, l’institution municipale n’assure pas suffisamment la défense de ceux pour qui elle travaille. Les différentes sorties du Maire n’avaient pour objet que de manifester une incapacité face aux malheureuses situations vécues par les victimes. Une réaction plus énergique est attendue de l’institution municipale car ces agressions foncières se font sur le territoire communal. Il faut apprendre par moment à mettre entre parenthèses nos intérêts politiques pour défendre la cause des populations que nous représentons. L’Etat quant à lui doit apprécier l’opportunité de ses projets afin de ne pas créer une injustice sociale et économique qui pourrait être source de tensions. Diamniadio a plus que jamais besoin d’une réserve foncière pour ces différents projets. Donc l’octroi abusif des terres à des privés relèvent d’une méconnaissance totale de ce besoin pressant. En plus de l’accaparement les terres de Diamniadio, la répression infligée aux populations vient s’ajouter à la liste des malheurs subis par notre commune. Les forces de l’ordre doivent garantir la sécurité des personnes et des biens, elles ne doivent en aucun cas user de manière disproportionnée de la force pour réprimer des citoyens. C’est pour cette raison que nous condamnons fermement ces actes. Les divergences n’ont pas de place dans ce combat. Diamniadio est agressé, la réponse doit être collective.
Moussa Dabo.