Coronavirus : les journalistes se confinent

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Face à la pandémie du coronavirus (Covid-19) qui continue de chambouler les programmes, en dictant «sa loi» à tous les secteurs d’activités partout dans le monde, et son degré de contamination rapide, les journalistes restent exposés à plusieurs risques. Pour cause, les reporters sont appelés à aller sur le terrain à la recherche d’informations. Ainsi, des rédactions ont pris une série de mesures allant dans le sens de leur éviter la contamination au coronavirus et de leur permettre d’effectuer leur travail, sans danger. Entre gels antiseptiques, limitations de déplacements, entre autres mesures, l’heure est à la prévention au maximum. Toutefois, des managers des médias interpellés hier, lundi 16 mars, n’hésiteront pas à durcir les mesures au cas où la situation venait à s’aggraver.
 
MOUSTAPHA DIOP, COORDONNATEUR DES PROGRAMMES DE WALF TV ET WALF FM : «Même si la situation devient  critique, il faut que nous  continuions à informer…»
 
«A notre niveau déjà, nous avons d’abord demandé à la Direction générale de mettre à la disposition des Rédactions les gels antiseptiques. La deuxième chose, c’est que, moi-même, je me suis chargé d’appeler les reporters, surtout ceux qui sont des reporters de terrain, pour leur dire qu’il fallait suivre effectivement les recommandations du Synpics (Syndicat des Professionnels de l’Information et de la Communication du Sénégal). La première chose, c’est d’éviter d’abord les rassemblements, les zones où il y a des cas suspects ou confirmés, ne pas s’y aventurer. Par exemple, ça ne sert à rien d’aller à un centre de santé pour savoir s’il y a des patients atteints du coronavirus ou pas. Nous pouvons le savoir même avec le téléphone. C’est un peu ça. Et puis essayer aussi de leur parler au fur et à mesure, à chaque fois que de besoin. Même si la situation devient critique, il faut que nous continuions à informer. Nous ne pouvons pas rester dans nos bureaux, croiser les bras, dire que ça devient grave, nous ne pouvons plus informer. Si la situation s’aggrave, il faudra certainement suivre les recommandations du ministère de la Santé, notamment le Comité national de lutte contre les épidémies qui, à chaque étape, donne des conseils et des recommandations. Mais, je crois qu’il faut aller plus loin, c’est-à-dire que les responsables des Rédactions devraient prendre langue avec la Direction de l’Information et de la Communication du ministère de la Santé pour qu’elle leur dise exactement tout ce que les journalistes doivent faire, si jamais la situation s’empire. Pour le moment, ce que nous pouvons faire, c’est prendre les mêmes dispositions que celles qui sont recommandées à tous les citoyens.»­­
 
IBRAHIMA LISSA FAYE,  ADMINISTRATEUR DU SITE PRESSAFRIK : «Si la situation s’aggrave, les journalistes vont rester chez eux…»
 
«Il est décidé que nous n’allons plus envoyer des reporters dans les lieux infectées, notamment les hôpitaux ou bien les domiciles où il y a des cas de suspect qui sont signalés, également le regroupement avec des personnes qui sont concernée. Nous allons souscrire aux consignes du ministère. Comme par exemple, ce matin (hier lundi, ndlr) le cas qui a été signalé au port avec le bateau Alioune Sitoé Diatta, nous avons été directement en contact avec les autorités concernées et aussi avec le directeur de la Prévention du ministère de la Santé. Ils nous ont donnés toutes les informations requises au téléphone. Nous avons pu recueillir ces informations-là. Ça nous a évités d’aller sur le terrain. L’autre mesure, c’est donner un gel antiseptique pour qu’ils puissent se désinfecter les mains à chaque fois. Comme ils sont souvent sur le terrain, il faut qu’ils se désinfectent. C’est plus sûr. Dans les rédactions en ligne, nous avons adopté l’heure de l’administration sénégalaise : c’est de 8h à 16h30. Même si les journalistes sont chez eux, ils restent connectés pour le partage et le recoupement des informations. Si la situation s’aggrave, les journalistes vont rester chez eux. Ils vont travailler à partir de chez eux parce que chacun a les équipements nécessaires pour travailler. Nous avons déjà pensé à ça. Chacun va rester chez lui. Nous n’aurons plus besoin de venir au bureau pour travailler. Bien que nous ayons un véhicule personnel, nous ne prendrons pas le risque d’amener les journalistes.»
 
GASTON COLY, REDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL ENQUETE : «S’il y a une explosion du coronavirus, on n’exclue pas de surseoir au travail» 
 
«C’est une responsabilité individuelle d’abord, ensuite une responsabilité collective. C’est à chacun, en ce qui le concerne, de faire en sorte de ne pas être exposé le plus possible au virus. Maintenant, si moi Gaston Coly, je prends toutes les mesures pour me prévenir et que l’autre ne le fait pas, tous les deux, nous courons un danger. Ce sont donc des mesures d’abord individuelles, ensuite au niveau de la rédaction, nous avons mis en place un certain nombre de protocoles pour éviter la contamination, une solution hydroalcoolique, ensuite nous incitons les gens à se laver les mains régulièrement, d’essayer de toucher le moins possible de choses, d’arrêter certaines habitudes. Nous nous disons que, peut-être, le virus n’est pas encore là, mais ce sont les réflexes que nous devons développer dès à présent. Nous nous préparons psychologiquement. Nous faisons en sorte de rompre d’avec certaines habitudes pour nous prévenir d’une contamination. Mais, il faut dire que c’est une question tellement complexe parce que même si moi je fais les efforts qu’il faut et que mes enfants ou bien ma femme ne le font pas, donc il n’y aura bas beaucoup d’effets.

En tout cas, c’est une équation à plusieurs inconnus. Mais, en ce qui nous concerne, nous sommes des journalistes. Nous sommes informés. Nous devons donner des exemples. C’est valable pour nous, ici au Sénégal, aux Etats-Unis, en France. Nous sommes obligés d’aviser, au jour le jour. Le coronavirus est une inconnue mondiale. C’est la première fois qu’un tel scénario se produit. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve, mais nous n’excluons pas de confiner les journalistes, de leur dire de rester chez eux, au cas où la situation devient critique. S’il y a une explosion du coronavirus, nous n’excluons pas de surseoir au travail. C’est une mesure extrême. Mais, nous espérons ne pas en arriver là.»­­
 
Par Mariame DJIGO

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