Depuis le soir du 5 septembre 2021, Alpha Condé n’est plus président de la Guinée. Démis en effet par un coup de force. L’auteur de ce putsch s’appelle Mamady Doumbouya, ancien légionnaire de l’armée française qui a su se donner tous les leviers militaires grâce à la confiance du président Alpha Condé pour bondir au bon moment – et le voilà aujourd’hui à la tête de la Guinée par l’entremise de ce coup d’État.
Visiblement, devant les caméras, l’auteur du coup d’État veut se rendre maître d’une méthode de pensée nouvelle. Il force l’admiration du révisionnisme contre les mauvaises pratiques, rassure de s’éloigner au dévouement obscur du jeu. Mais attention, c’est la nuit où toutes les vaches sont noires, disait Pierre Bourdieu.
Peut-il se débarrasser de cette classe politique et des élites corrompues ?
C’est là la grande nébuleuse pour celui ou celle qui sait lire entre les lignes. Après tout ce qui s’est passé pour déloger Alpha Condé, le nouvel homme fort du pays doit éviter d’être saoulé de louanges de disparates courtisans. Là où le très politique Alpha Condé a glissé et devenant ainsi la dérive d’une icône vénérée, au même titre, ce n’est pas dans la facilité que Mamady Doumbouya va sitôt réussir sans courage. Ce n’est aucunement la volonté de lui souhaiter la malédiction de l’histoire. Il doit être intrépide pour tourner la page des vieilles pensées politiques et d’écarter les courtisans du palais. Il doit éliminer radicalement sur la scène cette classe politique, semeuse de l’ethnocentrisme et de cette élite corrompue, en vue de balayer le chemin de l’espérance pour la jeune génération.
George Orwell disait que celui qui contrôle l’histoire, contrôle aussi le présent. Colonel Mamadi Doumbouya doit agir avec courage pour créer le renouveau dans ce pays. De Sékou Touré à Alpha Condé, la Guinée a les mêmes cadres dans l’administration, qui se succèdent par génération. Si pour l’heure, il pose des actes en vue d’obtenir des adhésions populaires, cependant, qu’il cesse de se nourrir des appétits du spectacle. Il n’a plus besoin du monde autour de lui. Si pour l’heure, ses premiers actes rassurent l’opinion, au même titre, il doit se donner l’idée que la justice doit transcender les clivages.
Éviter à tout prix l’idée d’un gouvernement d’union nationale
Si la fatalité soudaine s’est imposée au peuple de Guinée le 5 septembre 2021, la croyance du moment veut aussi que le peuple adopte la présomption de bonne foi pour n’est pas être un poil à gratter dans la transition. La figure de champion appelée Mamadi Doumbouya, qui respire, d’ores et déjà, l’autorité bonhomme, doit refuser toute idée d’un gouvernement d’union nationale. Des personnes qui développent cette idée, veulent absolument que le CNRD se retrouve dans une situation culinaire désagréable.
Si vous avez dégagé Alpha Condé, pour dit-on, des maux de gouvernance, vous devez prendre toutes les stratégiques de pointes politiques en main pour ne pas échouer. Car l’échec du CNRD serait synonyme du chaos. Le gouvernement qui doit être formé, de mon avis, doit se reposer sur de simples administrateurs apolitiques et des cadres dont leur intégrité ne souffre d’aucune malhonnêteté. Vouloir former un gouvernement d’union nationale, c’est d’épouser toutes les galères du monde, parce que chaque ministre du gouvernement œuvrera en toute partialité en faveur de son entité politique et va se remplir les poches.
Par Moussa Diabaté, journaliste