Décédé ce mardi à Dakar à l’âge de 79 ans, Hissein Habré va désormais reposer au cimetière musulman de Yoff, comme l’a annoncé sa famille. Il sera donc le deuxième ex-chef d’Etat africain à être inhumé en terre sénégalaise.
L’ancien président tchadien, Hissein Habré (1982-1990) repose pour l’éternité dans la capitale sénégalaise où il a déposé ses valises en fin 1990. Ce, après avoir été renversé le 1er décembre de la même année, par le défunt général Idriss Déby Itno. Rappelé à Dieu des suites de la Covid-19, il sera inhumé ce mercredi, au cimetière musulman de Yoff.
Mais contrairement à Amadou Toumani Touré du Mali ou encore Dawda Kairaba Diawara, père de l’indépendance de la Gambie, qui se sont tous exilés au Sénégal, après leur destitution du pouvoir, le séjour de Habré n’a pas été de tout repos. Car, près de 15 années plus tard, l’ancien homme fort de N’Djamena fut rattrapé par son passé et placé en garde à vue, dans le cadre d’une enquête pour crimes contre l’humanité durant son magistère.
Son procès s’est ouvert à Dakar conformément à un accord signé, le 19 décembre 2012, entre les autorités sénégalaises et l’Union africaine (Ua) et permettant au Sénégal de prendre les mesures nécessaires pour cette procédure judiciaire. Les autorités sénégalaises avaient également signé un accord de coopération judiciaire avec le Tchad, en vue de faciliter la circulation des magistrats et de leur permettre de communiquer avec les parties concernées par le dossier.
En mai 2016, il est condamné à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires (Cae). Ce jugement sera confirmé, en avril 2017, par la Chambre d’appel du Tribunal spécial africain siégeant à Dakar.
Amadou Ahidjo, de Yaoundé au cimetière de Yoff
Le Sénégal, une terre qu’Hissein Habré ne quittera plus. Comme le souhaitait Fatime Raymonde, l’une de ses veuves, il va reposer à Yoff, aux côtés d’Amadou Ahidjo du Cameroun. Premier président de ce pays post-indépendance en 1960, il annonça, le 4 novembre 1982, contre toute attente, sa démission pour raison de santé. Suivant les dispositions constitutionnelles, le Premier ministre Paul Biya, âgé alors de 49 ans, lui succéda.
Mais suite à deux condamnations à mort par contumace pour atteinte à la sûreté de l’État, alors qu’il séjournait entre la France, l’Espagne et le Sénégal pendant ces événements, il ne rentra jamais au Cameroun et s’installa définitivement à Dakar où il est décédé d’une crise cardiaque le 30 novembre 1989. Il repose, depuis lors, au cimetière musulman de Yoff.
Si un retour sur ses terres de Garoua avait été évoqué en 2010, une telle éventualité ne semble plus d’actualité. En cause, la demande de sa veuve, Germaine. Souhaitant des funérailles officielles, elle s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part de l’actuel président camerounais Paul Biya.