Démission de Bougazelli : Une démission déshonorante !

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Le scandale Bougazelli n’en finit pas de faire des victimes. Comme son taux très fluctuant de glycémie, les déclarations du député sont aussi volatiles qu’évanescentes. L’homme est capable de dire une chose tout de suite, de se contredire l’instant d’après. Hier, alors que la toile s’enflammait sur sa démission, l’intéressé lui-même apportait un cinglant démenti, mettant mal à l’aise tous les journalistes qui avaient pourtant juré, quelques instants seulement plus tôt, avoir parcouru sa fameuse lettre de démission. Sur les ondes de la Rfm, il pestait : « Je n’ai pas encore démissionné. Cela dépendra de la suite des évènements. Je me rends à la Section de recherches de la gendarmerie. On me posera des questions, je répondrai. Mais je ne démissionne pas.’’ C’était vers les coups de 18 h.

Il a fallu moins de 2 heures – vers 20 h – pour que la ‘’vérité’’ soit rétablie. ‘’J’ai reçu, ce jour, à 15 h, de notre collègue Seydina Fall, une lettre de démission de son mandat de député. Acte lui est donné, comme le dit le règlement intérieur par la Plénière qui se réunit, de sa démission. Il sera remplacé, conformément aux dispositions de l’article 7 du règlement intérieur, le moment venu… J’ai voulu en informer les membres du bureau, ensuite en informer tous les députés, pour respecter la procédure que requiert la morale et les relations humaines que nous devons gérer’’.

Pour certains hommes de médias et organes de presse réputés, c’est l’honneur retrouvé. Ils pouvaient, dès lors, bomber le torse. La lettre qu’ils disaient avoir parcourue a été bel et bien rédigée et reçue par le président de l’Assemblée nationale lui-même. En tout cas, c’est ce que ce dernier a affirmé à la fin de la séance plénière, hier. Le débat quittait ainsi les médias pour concerner l’état psychologique de celui qui était jusque-là un représentant du peuple.

Comment un homme sensé peut-il déposer sa démission à 15 h sur la table du président de l’Assemblée nationale et se démentir lui-même deux heures à peine ?

Cette question restera sans doute sans réponse. Mais une piste jusque-là inexploitée : c’est de savoir si c’est bien lui qui a rédigé et déposé sa lettre démission ou bien on l’a écrite et déposée en son nom et sans son consentement ? Ce qui serait tout de même rocambolesque et peu probable. Ce qui est sûr, selon nombre d’observateurs, c’est que l’ancien faux lion, taulard, devenu député, n’a pas été nourri au lait de cette vertu républicaine que constitue la démission. A moins d’y être contraint par son mentor politique, le président Macky Sall. En tout cas, lui-même affirmait quelques instants avant de rejoindre la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane : ‘’Macky Sall daff ma méré (Macky Sall est en colère contre moi).’’ Ce qui est sûr, c’est que d’après nombre d’observateurs, le régime avait tout à perdre en maintenant ce boulet qui, de surcroit, ne peut ni faire gagner ni faire perdre une élection.

Dans tous les cas, il est maintenant entré dans l’histoire. Désormais, dans la liste restreinte des personnes ayant démissionné de l’Assemblée nationale en pleine mandature, figurera Seydina Fall Bougazelli. Mais même fort de cette démission, le député, mêlé à une vilaine affaire de faux billets, n’en sera pas pour autant un modèle. Il sera surtout rangé dans cette catégorie rarissime qui aura quitté l’hémicycle par la fenêtre et non par une grande porte.

En effet, il est un des rares, si ce n’est le seul, à avoir démissionné parce que poursuivi en procédure de flagrant délit pour des faits aussi graves.

Plus déshonorant encore, cité dans cette association de malfaiteurs et contrefaçon de signes monétaires, le député de Guédiawaye, cinq jours durant, a planté les pandores de la Section de recherches. Ce n’est que par voie de presse que ces derniers apprenaient la nouvelle de sa supposée maladie et de son internement à l’hôpital. Toute la journée du vendredi, tout comme le lundi, ils l’ont attendu. En vain ! ‘’L’honorable député’’ n’a daigné déférer à la convocation des pandores qu’hier. Comme au premier jour, il a été relâché après un face-à-face d’à peine 15 minutes, selon son avocat Maitre El Hadj Diouf.

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