DR OUMAR CISSE SUR LES CONSEQUENCES DES 17 MILLIONS DE LA CEL/VA
«La Ville de Rufisque n’est plus viable financièrement…»
La répartition 2024 de la Contribution économique locale sur la valeur ajoutée (Cel/ Va) va, incontestablement, provoquer un déséquilibre insurmontable dans la gestion et le fonctionnement des villes du Sénégal notamment Rufisque qui, d’après son maire, ne sera plus «viable financièrement» parce que se limitant à payer des salaires et des dettes. Il en a fait la révélation lors du Conseil municipal consacrant le vote du budget 2025 tenu samedi 21 décembre à la salle de délibérations de l’hôtel de ville de Rufisque.
«Aujourd’hui 21 décembre 2024, la ville de Rufisque n’est plus viable financièrement. Une ville n’est plus valable si elle paie 60% de ses recettes ordinaires en salaire», a révélé Dr Oumar Cisse. Qui explique: «Une ville n’est pas viable si elle est obligée d’interrompre tous ses programmes pour ne faire que payer ses dettes. Le budget, qui a été votée, en 2025, c’est moins de 2 milliards de fcfa. Cela signifie simplement que c’est le budget de l’année dernière moins deux milliards. Cela veut dire, aussi, c’est un budget qui va servir à payer des salaires et s’acquitter des dettes. Moi, je ne me sens pas dans la peau d’un maire qui passe son temps à payer des salaires et des dettes. Cela n’a pas de sens!»
Sur la tentative de justification de la clé de répartition par le ministre des collectivités territoriales, le maire se Rufisque s’est voulu on ne peut plus clair. «J’ai vu dans le communique du ministère des collectivités territoriales que certaines villes avaient des déficits structurels qui n’étaient pas liés avec la Cel. Ce n’est pas notre cas à Rufisque. En 2021, il y avait un déficit de 350 millions de fcfa, en 2022 c’était 100 millions. La somme de ces montants fait 450 millions de fcfa de déficit complètement effacé en 2023. Je n’avais pas de déficit en 2023 mais, au moment où je vous parle on est à 380 millions de déficit du fait que si on m’avait averti à temps je n’aurais jamais engagé certaines dépenses. Mais, comme d’habitude, je suis suffisamment organisé pour faire face. Dès l’installation des nouvelles autorités, j’ai écrit aux ministres des collectivités et des finances. C’était pour attirer leur attention sur la Cel. Parce que la loi, qui a été conçu en 2019, n’est pas bonne».
Au-delà de son diagnostic et rectification, le premier magistrat de Rufisque a préconisé des solutions pour remettre les choses à l’ordre et éviter aux populations de subir les dégâts collatéraux de la Cel/Va. «C’est pourquoi j’ai proposé, parmi les solutions, une nouvelle reforme de cette loi de 2019. Il faut niou ‘jubanti loi bobou’ On est en train de travailler là-dessus. Nous sommes en train de mobiliser les trois types de ressources aux impôts locaux, foncier bâti, Cel/vl. Tous les prochains semestres, nous travaillerons à les mobiliser. On avait fait un recensement en 2022, c’est après que le Promoged est intervenu pour accompagner la Dgid à mobiliser suffisamment de ressources et revoir les bases de données fiscales. Donc, il sera question d’un nouveau recensement, revoir les rôles ainsi que tout le processus de la loi. Cela veut dire, et j’en ai déjà parler avec les syndicats, j’ai besoin en 2025 d’une Division des recettes qui travaille sans grève. Parce qu’il nous faut se substituer à ce type de ressources», dixit Dr Oumar Cisse.
Sur les relations entre la mairie de ville et la cimenterie de Rufisque, l’expert urbaniste se montre optimiste et annonce un partenariat profitable aux rufisquois. «Nos discussions avec la Sococim datent de plus d’une année. Avec le Dg El Hadj Mamadou Seck, nous en sommes à notre cinquième tête-à-tête. Parce que dès qu’on a échangé, on avait la même vision sur comment travailler, non pas uniquement sur la Rse, je ne parle pas de la ressource de la Sococim ni du fait qu’elle verse 1,3 milliards de fcfa chaque mois depuis une vingtaine d’année conformément aux dispositions de la Convention minière. Mais, on a décidé d’être plus ambitieux que cela en travaillant sur une convention de partenariat pour résoudre les problématiques qui nous paraissaient les plus aigües de la ville. Il s’agit, par exemple, de l’assainissement, la voirie, etc», a encore renseigné l’édile de la ville de Rufisque. Avant d’insister sur l’apport important de la Sococim, 70% et 30% pour Rufisque, dans cette convention en phase de finalisation. A la signature, un appel à candidatures pour la coordination des projets d’assainissement et de voirie, sera lancé, d’après Dr Cisse. Qui ajoute que deux comités de pilotage et de suivi seront mis en place.
Le budget de la ville de Rufisque pour l’année 2025 a été voté lors du Conseil municipal de ce samedi 21 décembre 2024 et s’élève à 4 939 821 438 fcfa. Comparé à celui de 2024 qui était arrêté à 6 840 971 978 fcfa, une baisse drastique de près de deux milliards fcfa a été notée soit exactement 28%.
Cette baisse fait suite à l’arrêté interministériel portant répartition de la Cel/Va qui a été publié très tardivement le 21 novembre 2024, et attribuant à la Ville de Rufisque le montant très modique de 17 231 396 fcfa, alors qu’il était attendu une allocation supérieure à 832 901 738 fcfa reçue en 2023.
Le Maire a magnifié la présence de toutes les couches de la population à savoir les Imams, les chefs de quartier, les badjénous Gokh, le monde sportif, les communicateurs traditionnels, les présidents de zone, les conseils de quartier, les présidents d’Asc, les présidentes de groupement féminin etc… pour le l’importance qu’ils accordent au devenir de la Ville de Rufisque.