Éphémérides : Me Mbaye Jacques Diop quittait ce monde un jour d’Arafat en 2016.

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Le rappel à Dieu de Me Mbaye Jacques Diop, ancien député et surtout ancien maire de la Ville de Rufisque, coïncidait il y’a 4 ans à la station d’Arafat, un moment fort du pèlerinage à la Mecque. L’ancien président du CRAES et secrétaire général du parti PPC repose aux cimetières de Thiawlene à Rufisque. La rédaction vous replonge dans la vie et l’œuvre de l’homme avec quelques dates charnières et des anecdotes pour rendre hommage à un immortel de l’histoire récente du Sénégal.

Né officiellement le 15 janvier 1936, il a succédé à son camarade du Parti socialiste, Mamadou Cora Fall, à la tête de la mairie de Rufisque en 1987. Poste qu’il a occupé jusqu’en 2002 avant de céder le fauteuil à feu Ndiawar Touré du Parti démocratique sénégalais. Mbaye Jacques Diop s’était très tôt fait remarquer par son militantisme politique pour avoir intégré dès 1954 le Bloc démocratique sénégalais (Bds), ancêtre du Ps. Sa participation à la marche des jeunes Sénégalais pour dire « non » à la Communauté souhaitée par le général De Gaulle le 26 août 1958 à la place Protêt, devenue Place de l’indépendance, a donné à l’homme une plus grande dimension. Toute sa vie durant, il a porté, au-delà des pancartes contre la proposition de De Gaulle, comme le disaient des invités du 26 août dernier, les autres pancartes : contre l’oubli, contre la violence, contre l’injustice. Président fondateur de l’Association des porteurs de pancartes, il a décoré des sommités politiques, journalistiques, de la Société civile, etc. L’absent le plus présent de ce jour. 

De Diouf à Macky 

Fin politicien, Mbaye Jacques Diop a joué l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire politique en quittant, dans l’entredeux tour de la Présidentielle de 2000, la barque socialiste du Président Abdou Diouf pour soutenir Abdoulaye Wade futur vainqueur. Ce dernier fera de lui plus tard le président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) dont il a été le seul à occuper le fauteuil. Ce passage d’août 2004 à septembre 2007 est le summum de la carrière politique du natif de Mérina (quartier de Rufisque Est), député entre 1981 et 2004. Suite à un passage éphémère à l’Alliance des forces de progrès (Afp), il crée son propre parti quelques mois après le sacre de Abdoulaye Wade.

En 2002, le Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc) s’est fondu dans le parti présidentiel, ouvrant à Mbaye Jacques Diop les portes du Bureau politique du Pds où il se voyait confié le poste de secrétaire politique national. Wade lui retire trois ans après l’institution qui faisait de lui la 3ème personnalité de l’Etat. Un début de disgrâce que le mammouth de Rufisque a enduré stoïquement sans pour autant abdiquer. De ces hommes qui savent attirer l’attention par la pertinence du verbe et la profondeur des idées, le passionné de lecture, grand admirateur de Rousseau, taxé de « personne qui ne se sent pas bien dans l’opposition », continue son cheminement avec la mouvance présidentielle jusqu’au déclin du régime libéral. Il fait ressusciter son Ppc pour désormais soutenir le président de la République Macky Sall. Parler de l’activité professionnelle de l’homme, c’est égrener un chapelet de compétences.

Titulaire d’un diplôme d’études supérieures ainsi que du diplôme français d’inspecteur de la jeunesse et des sports, Mbaye Jacques Diop est, à partir de 1985, membre de l’Institut français des praticiens des procédures collectives et membre du bureau de la Fédération mondiale des villes jumelées Cités unies entre 1989 et 2002. Des fonctions qu’il a combinées, entre autres, à celles d’expert maritime et de commissaire international aux Avaries. A Rufisque, les « Mbaye Jacques » se comptent à la centaine, signe de la reconnaissance que lui portaient les populations. 

« Je suis né le 15 janvier 1934 et non 1936 » 

C’est comme s’il avait senti la fin proche. En début d’année, Mbaye Jacques Diop s’était considérablement détaché de la vie politique. Le secrétaire général du Ppc avait cédé le fauteuil à Seydou Diouf pour perpétuer l’œuvre qu’il avait entamée après la renaissance du parti. Une mue qui est accompagnée d’une fronde vite étouffée par le génie politique de l’homme. Le 15 janvier 2016, à la faveur d’une fête d’anniversaire, l’ancien président des syndics et administrateurs judiciaires du Sénégal s’était livré à un exercice assez particulier. Il se savait, peut-être au crépuscule d’une vie qui ne va jamais s’effacer.

Entouré de membres de sa famille, de militants et sympathisants ce jour-là, il faisait des éclaircissements sur sa personne lors de la cérémonie qui avait aussi des relents d’une scène d’adieu. « Je suis né le 15 janvier 1934 et non 1936 qui se trouve être officiellement l’année de naissance sur ma pièce d’état civil. Donc, j’ai 82 ans aujourd’hui », ouvrait-il ainsi son discours sous le regard de Kabir Mbodj, disait-il, « un doyen ayant beaucoup fait pour l’homme que je suis ». 

De « Mbaye sac » à Mbaye Jacques 

« Quand nous étions enfants il y avait un autre qui se nommait aussi Mbaye Diop. Pour nous différencier, on m’appelait ‘’Mbaye sac » en référence au sac d’écolier que je portais toujours. C’est la déformation de ce mot qui a donné Mbaye Jacques Diop », tenait-il à préciser sur son nom. Les cheveux qui refusent de prendre le gris de son âge ont souvent été la curiosité des curieux. Parce que l’octogénaire tient encore à sa fougue jeunesse de porteur de pancarte ! Après ses hommages à Kabir Mbodj, il s’est livré, un moment, à des témoignages qui ont fait pleurer plus d’un dans le salon du rez-de-chaussée de sa demeure sise à Mérina. Et il dévoile ce jour celui qui le « retient » encore jeune dans ses costumes de « Boy Rufisque ». « Où est Nestor ? Dites-lui de venir. »

Un homme de taille moyenne au teint clair fait irruption dans le salon. « Lui, c’est mon major d’homme. Depuis des années, c’est lui qui a la clé de mes armoires. Tout ce que je porte, c’est lui qui le sort et en assure mes mises. C’est un jeune homme irréprochable et je le remercie vivement devant tous », des mots auxquels l’homme de 40 ans n’a pu résister, cachant mal son émotion devant la foule de gens présents. Il a été de même son cuisinier personnel. « Depuis plus de 20 ans, il est avec moi. Il laisse femme et enfants et se mets complètement à mon service pour m’aider dans mon régime alimentaire », faisait-il remarquer. Une pancarte est tombée. Qui pour la ramasser

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