Le républicain

La Russie et nous

 

La rapidité avec laquelle la Russie reprend les entreprises laissées par les Occidentaux renseigne sur la capacité d’anticipation de ce pays-continent. L’après guerre qui se profile à l’horizon risque d’être marqué par un retour de l’État en tant que régulateur et acteur influent de l’économie, contrairement aux années durant lesquelles la restructuration de l’économie est laissée aux forces du marché. Le pays de Poutine montre la voie à l’Afrique : l’anticipation et la prospection sont les premiers leviers de l’intelligence économique, il n’y a pas de choix ni de performances économiques possibles sans la maîtrise du milieu, du contexte, des atouts et faiblesses. Déjà À partir de 2007, une réflexion sur la trajectoire de développement d’ensemble de la Russie à été lancée par l’Etat Russe sous le nom de « stratégie 2020 ». Cette réflexion a été développée depuis, sous diverses formes, notamment dans le domaine de la politique industrielle qui y occupe une large place.

Le destin de nos peuples ne peut accroché à des problèmes de survie quotidienne, il faut que nous arrivions à nous arracher de cette servilité à la vie pour pouvoir nous élever au-dessus de nos problèmes. Pourquoi nos pays sont si pauvres malgré leurs richesses naturelles et la disponibilité de leur jeunesse ? Pourquoi malgré les milliards d’aide publique au développement, l’Afrique reste toujours confinée dans les bas-fonds de la pauvreté ? Pourquoi malgré les immenses cours d’eau et les superficies cultivables disponibles, la famine et la malnutrition ne cessent de roder autour de nous ? Pourquoi la culture de la transformation qui a fait le succès de tous les pays développés n’a jamais été initiée dans nos pays ? La culture de la transformation se pense d’abord dans la prospection et le prospective : comment pouvons-nous transformer si nous n’avons qu’une connaissance incomplète de la valeur de nos ressources ?

Il n’y a pas de secret, nous sommes condamnés à accepter et à encourager la culture de la prospection et de la prospective. La prospection, c’est d’abord l’information, ensuite la recherche planifiée avec des objectifs définis, c’est en outre l’examen des forces dont on dispose pour relever les défis présents à cours et long terme. La prospection est par conséquent le premier levier de l’intelligence économique, il n’y a pas de choix ni de performance économiques possibles sans la maîtrise du milieu, du contexte, de ses atouts et faiblesses.

La gestion de problèmes ponctuels n’a jamais fait une grandes nation. Nous sommes très souvent pris au dépourvu par les évènements qui secouent le planète et même par nos propres réalités : cela dénote d’un maque de pensée prospective. Décrypter les enjeux d’un changement de paradigme aussi bien dans notre rapport à la chose publique locale que dans notre rapport au monde : tel est le défi que l’Afrique doit relever à partir d’une mutualisation d’intelligences et de postures différentes.

Pour cela, il faut que l’Afrique devienne un champ de théories autonomes au lieu de se contenter d’être une terre d’expérimentation, d’essais de théories venus d’ailleurs. Mais ça ne sera ni une pétition de principe ni l’effet d’un coup de bâton magique, la nature ayant horreur du vide, si nous ne produisons pas d’autres vont le faire à notre place.

Par Pape Sadio Thiam

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