Le pétrole en passe de changer l’économie du Sénégal

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De la terre ocre, beaucoup de poussière, des parcelles de trottoirs non finalisées… En plein centre-ville de Dakar, les routes, les trottoirs, les infrastructures sont en pleine construction. Un casque sur la tête, les ouvriers sénégalais s’évertuent à développer la ville sous une chaleur polluée de plus de 25 degrés. La circulation est dense dans la capitale sénégalaise, surtout aux heures de pointe. Des taxis jaunes côtoient des bus pleins à craquer et des calèches transportant toutes sortes d’objets. L’économie sénégalaise est en pleine construction.

La manne pétrolière

Si les services représentent désormais 63 % de l’économie, celle-ci est en passe de se transformer grâce aux énergies fossiles. De 2014 à 2016,  d’importantes quantités de pétrole et de gaz ont été découvertes au Sénégal et l’exploitation de ces ressources débutera en 2021. Selon Cheikh Ahmed Bamba Diagne, économiste à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l’Ucad à Dakar, « tout dépendra de la gestion qui sera mise en place par le gouvernement mais ces rentrées de devises pourraient profondément dynamiser l’économie ». D’après des simulations effectuées, en 2017, par le ministère de l’Economie, une production moyenne au-delà de 100.000 barils par jour entre 2021 et 2035 devrait entraîner un taux de croissance de 9,4 % par an, pour 52 milliards de dollars de PIB supplémentaires par an.

D’ores et déjà, l e président Macky Sall, élu en 2012, a réussi à doubler le rythme de croissance du pays en seulement cinq ans . Il a lancé, en 2014, le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui dressait une liste de 27 projets prioritaires pour sortir le Sénégal du sous-développement d’ici à 2035. Depuis le lancement de ce plan, la croissance du Sénégal est passée de 3,5 % en 2013 à 6,8 % en 2017.

La Chine investit

« La croissance est forte mais elle est portée par les entreprises étrangères. Il faudrait que cette croissance soit guidée par des entreprises du pays », revendique Cheikh Ahmed Bamba Diagne. Une route a notamment été construite entre Dakar et Tuba par la société chinoise CACB, qui l’a financée et l’exploite. Les entreprises sénégalaises manquent toujours de moyens. « Pour les grands chantiers, il y a peu d’entreprises locales capables de les mener. Mais cela est en train de changer grâce à la montée en puissance de compétences locales », explique Abdel Mumin Zampalégré, directeur général de Bank of Africa au Sénégal. Mailler le territoire est un bon moyen pour créer des champions nationaux. « Il faudrait à présent développer autour de ces routes des zones économiques spéciales, où les entreprises pourraient bénéficier d’avantages fiscaux si elles y investissent. Cela permettrait de désengorger la capitale », observe Cheikh Ahmed Bamba Diagne.

Le crédit difficile d’accès

L’accès au crédit est difficile pour les jeunes PME. « Je n’ai même pas essayé d’accéder à un crédit bancaire parce que les banques ont peur d’investir dans des entreprises naissantes. C’est très difficile pour nous », regrette Basile Niane, fondateur en 2014 de Social Net Link, une agence numérique. « Les banques ont été frileuses pour prêter aux PME mais nous sommes en train de mettre en place un dispositif pour les accompagner et les aider à se structurer », affirme Abdel Mumin Zampalégré. Le gouvernement a mis en place des mesures allant dans ce sens, à l’instar d’un fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip). Des initiatives saluées par Basile Niane. Ce dernier espère que « les financements seront attribués aux entreprises qui en ont vraiment besoin et pas de manière arbitraire ».

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