Méthodes d’élimination des adversaires: Sonko victime du Kompromat* de Macky ?

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Le Kompromat est né dans un contexte d’ouverture de la Russie soviétique à l’Occident sous Staline et obéissait à des fins de propagande et d’espionnage. Aujourd’hui, la forme la plus outrancière du Kompromat est la sextape. Les services secrets soviétiques faisaient régulièrement appel aux services de belles prostituées afin de compromettre des personnalités politiques ou du monde des affaires. L’actuel régime du Sénégal, dont le chef a un passé idéologique communiste, s’inspire-t-il des méthodes soviétiques pour broyer ses adversaires politiques ? La question est posée.

 La fin justifie les moyens en politique. Cette phrase attribuée à tort ou à raison à Machiavel est devenue l’axiome le plus partagé par les générations de politiciens sénégalais. Pour conquérir ou conserver le pouvoir, l’homme politique ne doit pas trop s’embarrasser des fioritures éthiques. « Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu’un pour avoir usé d’un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder une république. Ce qui est à désirer, c’est que si le fait l’accuse, le résultat l’excuse ; si le résultat est bon, il est acquitté. Ce n’est pas la violence qui restaure, mais la violence qui ruine qu’il faut condamner » dixit Machiavel dans son fameux ouvrage Le Prince.

Ce conseil a fait recette depuis le président Léopold Sédar Senghor jusqu’au président Abdoulaye Wade en passant par Abdou Diouf. Chacun de ces chefs d’Etat a usé de la puissance dont il était dépositaire pour éliminer un ou des adversaires politiques. Le binôme Léopold Sédar Senghor/Mamadou Dia a depuis la création la SFIO jusqu’à la mise sur pied du Bloc démocratique sénégalais (BDS) le 27 octobre 1948, mené le Sénégal à l’indépendance avec d’autres hommes politiques comme Ibrahima Seydou Ndaw, Valdiodio Ndiaye, Lamine Guèye etc.

Au sein du parti au pouvoir, l’Union progressiste sénégalais (UPS) certains socialistes ne voyaient pas d’un bon œil Senghor, président de la République et Mamadou Dia, président du Conseil du gouvernemental cohabiter harmonieusement.

Senghor tue Dia
Le président du Conseil, Mamadou Dia, incarnait le sommet de l’État en conduisant la politique économique et intérieure tandis que Léopold Senghor s’occupait de politique extérieure. Mamadou Dia, préoccupé par le développement du Sénégal selon une vision progressiste, était devenu la cible de ses propres frères socialistes qui pensaient d’abord à fructifier leurs propres affaires. Ses camarades députés s’étaient autoattribués des augmentations de salaires en son absence du Sénégal alors qu’il les avait prévenus de l’inopportunité d’une telle initiative.

En sus, ces parlementaires avaient pris des crédits dans des banques tout en refusant de les rembourser. Tout cela, pour Dia, était aux antipodes de la ligne du parti et des valeurs socialistes. En sus, le choix de Dia d’élargir les partenaires économiques du Sénégal indépendant aux pays de l’Est ne plaisait à la France. Toutes choses qui font que Mamadou Dia devenait un danger pour certains de ses camarades de parti et la France dont le souci était de continuer la colonisation avec ses entreprises occupant les principaux secteurs de l’économie du Sénégal indépendant.

Pis, Dia prônait le socialisme autogestionnaire pour remplacer l’économie de traite coloniale. En sus, il recommandait la « déshégémonisation » de la culture arachidière considérée comme un moyen de pérennisation de la colonisation économique et son remplacement par une diversité culturale industriellement transformable.

Une telle posture décolonialiste et cette velléité souverainiste inquiétaient la France et certains marabouts gros producteurs d’arachides dont la plupart exploitent une masse de talibés cultivateurs à leur service. Tout ce cocktail était suffisamment explosif pour faire sauter celui qui représentait aux yeux des Sénégalais une sorte de rédempteur d’un Sénégal sous la coupe des Français, de marabouts véreux et de députés affairistes.

Ces derniers, à l’instigation de Léopold Sédar Senghor, entament une procédure de censure du gouvernement Dia. Ce que le Président du Conseil refuse au motif que cela n’a pas fait l’objet d’une discussion au sein du Parti qui primait sur l’Etat. On l’accuse d’avoir fait un coup d’Etat alors qu’il a simplement empêché les parlementaires d’occuper l’Assemblée nationale pour voter la motion de censure. Mamadou Dia et quatre autres ministres — Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall — sont arrêtés et traduits devant la Haute Cour de justice du Sénégal du 9 au 13 mai 1963. Cette haute cour composée de députés ayant voté la motion de censure condamne lourdement Dia et compagnie.

La mission est accomplie et Senghor règne sans partage. La leçon de Machiavel est assimilée par Senghor qui, pour satisfaire le maitre blanc, a sacrifié son plus fidèle et sincère compagnon de tous les temps. Le véritable auteur d’un coup d’Etat constitutionnel, c’était Senghor lui-même bien sûr.

Abdou Diouf se heurte au mur de résistance de Wade
Le 22 février 1988, à sept jours des élections présidentielles et législatives, le journal gouvernemental Le Soleil annonce l’arrestation de deux Libyens venus à bord d’un vol d’Air Afrique et en possession d’armes sophistiquées. Le 25 février on annonce l’arrestation aussi d’Ahmed Khalifa Niasse en même temps que les Libyens. Il fallait mouiller le coriace opposant Wade en faisant croire que les armes lui étaient destinées. Finalement, il est prouvé le 27 février que Jean Collin, l’homme-lige de Diouf, était l’instigateur du complot contre Wade qui a échoué avec la mise sur la place publique du billet 092-2451-25115 de l’Ayatollah de Kaolack. Ce billet a été acheté suivant lettre de Jean Collin du 16 février 1988.

La participation de Wade aux élections controversées de 1988 plonge le Sénégal dans le chaos et Abdoulaye Wade est arrêté avec d’autres leaders de l’opposition. Pendant toute la période où Wade a été dans l’opposition, jamais Abdou Diouf avec ses hommes de main Jean Collin ou Tanor ne sont parvenus à l’éliminer de la scène politique.

Wade sacrifie Idy et consacre Macky
Pourtant Wade lui-même a essayé la même chose en embastillant celui qui fut son collaborateur le plus proche et qui s’est battu pour le faire élire en 2000. En 2004, Idrissa Seck est éjecté de la Primature avant d’être mis en accusation devant la représentation diplomatique par celui avec qui il forme aujourd’hui cette fusion « mbourou ak sow ».

Pour autant, sa carrière politique n’est pas compromise parce qu’il jouit de ses droits politiques pour participer à toute compétition électorale. Macky Sall subira le même sort de la part de Wade qui le pousse à sortir du PDS en 2008. Des manœuvres qui n’ont pas pu pas écarter Macky Sall du jeu politique. Au contraire, elles lui ont balisé le chemin du pouvoir qu’il a conquis en 2012.

Macky et l’équation Sonko
En bon disciple de Machiavel, Macky a réussi à tuer tous ses adversaires politiques en utilisant la méthode du Kompromat. Les rétifs comme Karim Wade et Khalifa Sall sont broyés par la machine judiciaire tandis que les autres sont allés à Canossa ou se tiennent à carreau. On suppute même que certains d’entre eux ont les mains liées par que le pouvoir détiendrait sur eux des documents compromettants afférents à des histoires de mœurs.

Seul Sonko était resté l’élément perturbateur qui trouble le sommeil gouvernemental. Sa radiation de la fonction publique, les accusations d’apparentement à la mouvance djihadiste ou de financement de sa campagne électorale par la junior pétrolière irlandaise Tullow Oil, le fundraising de Pastef qualifié d’illégal, la diffamation sur l’affaire des 94 milliards… routes ces cabales n’ont pas réussi à abattre Sonko.

Le dernier Kompromat en date consiste donc à le mouiller dans une histoire de viol soulevée par une catin qui, compte tenu de son discours accusatoire, malgré son jeune âge, est une nymphomane insatiable. Se laisser violer plusieurs fois sans broncher ni gémir, sans appel au secours, sans dénonciation laisse trahir un consentement inavoué. Malgré les accusations qu’elle porte contre le leader de Pastef, les Sénégalais dans leur majorité restent convaincus de l’innocence de Sonko de tout viol.

On subodore une main politique derrière le sexe d’Adja Sarr qui n’a aucune pudeur pour dévoiler son appétit sexuel bestial au grand jour. Maintenant, il appartient aux gendarmes de la SR d’être libres et indépendants dans leur enquête, de ne point céder aux desiderata d’un procureur soumis ou d’un pouvoir tyrannique dont les mauvaises intentions sont de mouiller le leader du Pastef, de le placer sous mandat de dépôt, de le juger et de le condamner à une peine qui le privera de ses droits civiques. C’est le projet du pouvoir mais cela ne peut arriver que si le pouvoir judiciaire se soumet à la volonté de l’Exécutif.

Serigne Saliou Gueye, Le Témoin

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