Mort de l’étudiant Ahyi Joël Célestin Philippe: Les derniers instants d’un héros

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Fallou Ndiaye et Fallou Sène ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt, vendredi dernier, pour association de malfaiteurs, vol avec violence commis en réunion la nuit, avec usage d’arme blanche ayant entraîné la mort d’Ahyi Joël Célestin Philippe. Le même jour, Moustapha Sarr, Marc André Diassy, Cheikh Ousmane Sène, Lamine Sène et Ibrahima Barry ont été écroués pour recel. Brillant étudiant, promis à un bel avenir, Ahyi Joël Célestin Philippe aura fait preuve de courage face à ses bourreaux malgré la lâcheté de certains automobilistes. Nos révélations.


Dans la soirée du 26 septembre 2020, Ahyi Joël Célestin Philippe, étudiant à l’Université de Ziguinchor trouvait la mort après une agression aux alentours de l’Ucad.
Deux jours plus tard, le commissariat du Point E a transmis à la Sûreté urbaine (Su) de Dakar le certificat de genre de mort délivré par le docteur Ibou Thiam. Il ressortait des conclusions du médecin-légiste qu’Ahyi Joël Célestin Philippe était décédé à la suite d’une « plaie thoracique pénétrante profonde, avec perforation pulmonaire gauche et aortique ; hémorragie de grande abondance à la suite de coups et blessures par arme blanche ». En visant une zone du corps qui engagerait le pronostic vital, l’auteur des coups avaient manifestement la volonté de tuer sa victime.

Des coups pour tuer

Entendues par la police, C.Cissé et C.Gomis, deux étudiantes, qui étaient avec la victime au moment de l’agression, sont revenues sur les faits. Selon C.Gomis, elle avait quitté ce jour-là, vers 17 heures 30, l’Ucad pour aller rendre visite à son ami Ahyi Joël Célestin Philippe qui habitait à la Sicap Baobabs où elle est restée jusqu’aux environs de 20 heures 30 minutes.
Etant donné qu’il faisait nuit, Ahyi avait décidé de la raccompagner. En cours de route, ils ont rencontré C.Cissé que C.Gomis connaissait depuis Ziguinchor.

Ahyi demande à ses amies de fuir avant de livrer sa dernière bataille

Ensemble, ils ont pris le chemin du Canal 4 qui mène à la Cité Claudel. Alors qu’ils étaient au niveau de l’arrêt de bus, ils ont senti la présence de deux individus derrière eux. Avant même que les trois amis ne comprennent ce qui se passait, les deux individus, sous la menace d’un couteau, les ont sommés de leur donner tout ce qu’ils avaient sur eux.
Prise de peur C.Cissé s’est immédiatement exécutée tout comme C.Gomis en remettant son sac contenant ses habits, son téléphone portable de marque Samsung, sa pièce d’identité et une somme de 11.000 Fcfa. C’est en ce moment qu’Ahyi leur a demandé de prendre la fuite avant de ramasser une pierre pour affronter les agresseurs : c’était sa dernière bataille.
En effet, à peine ont-elles fait quelques mètres que C.Cissé et C.Gomis ont vu Ahyi allongé sur la chaussée, le corps ensanglanté alors que les agresseurs escaladaient le mur de l’Ucad pour se réfugier dans les buissons. Elles ont commencé ainsi à crier afin d’ameuter les passants sans qu’un seul véhicule ne daigne s’arrêter. Il a fallu l’intervention d’une dame courageuse qui a bloqué la circulation pour obliger les automobilistes à secourir la victime. Malheureusement, Ahyi était déjà mort.

Le courage d’Ahyi, la lâcheté des automobilistes

C.Cissé racontera la même version aux enquêteurs en précisant avoir remis aux agresseurs son téléphone de marque IPhone 6. A la suite de réquisitions, l’appareil de C.Cissé a borné à Thiaroye avec un nouveau numéro, le 77.606.06… Il était exactement 13 heures 47 minutes. Le détenteur, Moustapha Sarr, sera cueilli et interrogé sous le régime de la garde à vue. Suite à ses aveux, les enquêteurs interpellent, tour à tour, Marc André Diassy, Cheikh Ousmane Sène, Lamine Sène et Ibrahima Barry auprès desquels l’appareil a transité.

Un téléphone borne à Thiaroye

Interrogés, les susnommés ont reconnu avoir acquis l’appareil. Ibrahima Barry confesse que dans la nuit du 27 septembre, aux environs de 22 heures, des individus qu’il ne saurait reconnaître se seraient présentés à lui pour lui proposer le téléphone en échange de 30.000 Fcfa. Finalement, sur ses indications, la Su intercepte Fallou Ndiaye qu’il a formellement désigné comme étant celui qui lui a cédé le téléphone.

Les aveux d’un tueur

Fallou Ndiaye a d’abord tenté de nier les faits mais face aux indices graves et concordants retrouvés chez lui lors d’une perquisition, il a fini par avouer. En effet, au cours de son interpellation, le mis en cause était porteur d’habits tâchés de sang, en plus de présenter une blessure récente au niveau de la tête. Il a confié aux enquêteurs que sa victime l’avait frappé avec une pierre lors de l’agression. Révolté et sous l’emprise de l’alcool, Fallou Ndiaye a sorti son couteau pour lui asséner des coups au niveau de l’aorte thoracique.

Cavale avortée pour Lamine Sène

Entendu, Moustapha Sarr, dernier à détenir l’appareil volé a informé l’avoir acquis auprès de Marc André Diassy pour 31.000 Fcfa. Ce dernier, pour sa part, révèle que c’est le nommé Lamine Sène, le second agresseur, qui lui aurait remis le téléphone, à charge pour lui de le vendre. Pour prouver sa bonne foi, il a donné le numéro de Lamine Sène aux policiers. Sène sera localisé et ferré aux environs du «Saf bar », à Pikine, alors qu’il tentait de fuir en direction de Touba.

Source : Libération quotidien, édition du 12 octobre 2020

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