PSK et MA, arrêtez votre Shirk (*) cinématographique (Par LE CITOYEN ALBA)

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Ma voix est certes moins audible que les vôtres, chers sieurs PSK et MA, mais elle ne peut manquer de vous lancer ceci : « Arrêtez votre *shirk (1) cinématographique ». L’envie me démange autant que vous, assurément, de vous le dire. Votre tandem a fait mouche à travers cette tribune titrée : ‘’ Jamra arrête ton cirque’’. En plein dans le mille ! Ça a fait des effets, suscité des appréciations, engendré des réactions, naturellement. Tentez de déconstruire, aux noms des libertés que vous évoquez, autant que pouvez, les mentalités car c’est de quoi il s’agit a priori. Argumentez, autant que vous en êtes capables, pour essayer de convaincre. Faites des rappels en puisant dans le blason doré du cinéma sénégalais dont l’héritage est perpétué par les Moussa Touré, Alain Gomis, Ousmane William Mbaye et j’en passe. C’est plus que nécessaire le rappel mais n’en usez pas en vous embourbant dans un Shirk de mauvais aloi, Mes sieurs.

Quel blasphème vous faites en tentant, par des rapprochements et collusions sans épaisseur, de nous faire croire que Jamra a tout faux de s’indigner ! Evoquer en fait Djibril Diop Mambety, Sembène Ousmane et ces autres grands virtuoses au doigté extraordinaire et au talent unanimement reconnu pour légitimer les récentes productions « estampillées », comme vous dites, « pervers » par Jamra relève invraisemblablement d’un associationnisme insipide et maladroit. Dans mon quartier les gens aiment se taquiner avec le terme ‘’* khaméwo pastille ak douli beuy (2)’’ pour vous faire comprendre que vous êtes dans la confusion de genre. Je n’irai pas jusque-là tout de même.   Faisant référence à Touki bouki de Djibril Diop Mambety, vous évoquez « un homme dans la force de l’âge, debout sur le siège d’une voiture décapotable, nu, de dos, le poing levé ». Séquence qui d’après vous serait « une des scènes-culte, sinon LA scène-culte » de ce film réalisé en 1973 (je n’étais pas encore né et je n’ai jamais regardé ce film). D’autres en ont certainement gardé comme scène culte une séquence autre que celle-là. Tout est question d’appréciation ou d’angle d’attaque pour mieux accrocher. 

 J’ai pour autant regardé Guelwaar de Sembène Ousmane. Vous nous diriez dans la logique de votre argumentaire que « La scène- culte » serait, peut-être, la séquence où on voit un homme, nu, dans une folle allure, s’échapper de la case où il se trouvait avec la femme d’un autre. Libre à vous, le cas échéant. « Maîtres » de leurs télécommandes et « suffisamment libres et responsables » des chaînes qu’ils choisissent de regarder, les sieurs PSK et MA n’éprouveraient aucune gêne à regarder, avec leurs enfants et petits-enfants, cette séquence, fugace, engloutie dans un condensé d’enseignements intéressants et instructifs notés tout au long du film de Sembène. Pourront-ils, en revanche, toujours en tant que maitres de leurs télécommandes, le faire avec les séquences obscènes du film incriminé (Cirque noir) ? Pire encore, quelle réaction auraient-ils si la fille qui se présente, nue, dans le spot d’annonce du film était une de leurs petits enfants ? Y’en a pour qui ce n’est pas grave tant que ça ne les touche pas ou ne touche un très proche. Ce n’est pas ainsi que marche la société sénégalaise que nous connaissions et que l’on veut voir prospérer. 

Du film Guelwaar cité plus haut, je retiens comme, comme vous dites, scène culte, le discours historique prononcé par Thierno Ndiaye incarnant le rôle de Pierre Henry Thioune. Un hymne contre l’aliénation qui a traversé les décennies et qui résonne encore dans la tête des esprits avisés. C’est de notre société qu’il s’agit, de son devenir en questionnement, de l’appréhension des parents en fait pour leurs enfants dans un monde désormais sans cloison. Nous vivons un monde très fécond au libertinage et dans lequel un phénomène à 10 mille km peut bousiller tous les efforts consentis pour forger un caractère et des valeurs à la progéniture. 

L’espace principal de socialisation qu’est la famille est lourdement rudoyé par des contingences externes dont la plus menaçante est Internet. Un outil utile tout autant que dangereux. Des pères de famille n’ont pas démissionné dans cette mission primordiale de veille. Eux aussi, « maitres de leurs télécommandes », se débrouillent tant bien que mal pour réguler ce que leurs enfants doivent voir à la télé. Ils tentent aussi, au mieux, de faire le gendarme de maison sur ce que visionnent à travers l’outil internet leurs enfants dans l’intimité de leur chambre. Acte laborieux qui ne peut de facto offrir une garantie de succès certain dans leur entreprise. 

A cela ne tienne, ils auront essayé pour le bien de leurs enfants et par ricochet celui de la société. Ces pères et mères de familles là soutiennent bien Jamra dans ses combats contre les dérives constatées. Du point de vue de la morale, ces actes décriés sont répréhensibles. Elles le sont du point de vue de la loi et de la religion tout autant. « Ouvrir un bouquin », prodiguez-vous, chers Sieurs, avec dérision, comme palliatif. La constitution en est un tout comme le coran et la bible. Ces bouquins qui guident sur la voie du Seigneur et sur les règles de conduite pour notre vivre ensemble dans la parfaite harmonie proscrivent ce que vous voulez rendre légal aux noms des libertés que vous évoquez. Donc, mes Sieurs PSK et MA, rougissez de devoir cohabiter avec des structures qui se battent, un tant soit peu, pour la préservation de nos valeurs, donc pour une société meilleure. 

Jamra en tant qu’Ong a choisi sa voie pour ne pas dire sa ligne d’actions : veille et défense des valeurs culturelles et religieuses. D’autres Ong ont choisi de s’activer soit dans la santé, soit dans le développement économique, soit dans les droits humains, soit, soit … Si Mame Makhtar Guèye et ses alliés dans cette voie alertent sur des productions cinématographiques délictuelles, ils sont bien dans leur rôle de veille et de défense de nos valeurs. C’est le contraire qui aurait indiscutablement étonné. 

LE CITOYEN ALBA

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1 Dans la religion musulmane, fait d’associer autre chose à Dieu

2 Incapacité à faire le discernement pastilles et crottes de chèvre   

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