Du Mouvement du 23 juin (M23), revendiqué par les uns et les autres, il ne reste qu’un souvenir, sans doute précis mais surtout, nostalgique.
Ce mois de juin 2021, le peuple s’était mobilisé comme un seul homme pour barrer la route au projet de l’ancien Président Abdoulaye Wade, d’instaurer un ticket et un quart bloquant, ce qui aurait pour conséquence d’instaurer une dynastie qui n’aurait jamais quitté le pouvoir.
Ainsi, avec comme catalyseur l’opposition de l’époque et la Société civile, nombre de sénégalais se sont mobilisés et ont fait capoter ce projet.
Depuis, on a tenté de formaliser cette révolte avec peu de succès car plusieurs acteurs de ce mouvement se sont retrouvés au pouvoir. Seule la Cos-M23 créée par Abdourahmane Sow résiste encore dans un tintamarre général où le M23 semble être un vieux souvenir. Et pour cause !
En dehors du projet de loi susmentionné, ce qui avait révolté le peuple, c’était le débat sur le troisième mandat, la cherté de la vie, l’arrogance des autorités, la pauvreté, etc. autant de motifs qui subsistent encore dans un pays où les acquis démocratiques ne cessent par ailleurs d’être remis en cause par des acteurs dont nombre d’entre eux ont participé aux manifestations du 23 juin.
C’est dire que l’esprit du 23 juin a été largement dévoyé par les nouveaux acteurs à qui l’on a, jusqu’ici, opposé une résistance timide incarnée par Guy Marius Sagna de Frapp France-dégage, la Cos-M23, Y’en a marre, Ar linu bokk, etc.
Le gros des troupes s’est retrouvé dans une forme de passivité et parfois de complicité avec les nouveaux tenants du régime qui ont réussi à dominer le rapport de force communicationnel par diverses subterfuges allant de la transhumance à la pression judiciaire, de l’intimidation à l’intéressement de différentes forces vives de la nations qui n’ont pas hésité à jouer le jeu du pouvoir.
Ainsi, depuis 2012, les sénégalais ont été entrainés dans les polémiques liées à différents procès politico-médiatiques à des méthodes de liquidation de candidats comme le parrainage, à des dialogues (national et politique) à soubassement ambiguë qui ont assez occupé leur temps.
L’arrivée du coronavirus a permis pratiquement de geler, pendant longtemps, les activités politiques et de créer même, pendant un long moment, une forme de consensus national pour les besoins de la guerre contre le virus.
Aujourd’hui, la naissance du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) est une forme de sursaut pour perpétuer l’esprit du 23 juin en catalysant le peuple autour de revendications du moment.
Mais, là aussi, le contexte n’est pas pareil et la prééminence de Pastef sur le mouvement rend méfiantes les autres forces politiques qui ont du mal à y adhérer.
En clair, l’opposition et la société civile ont du mal, aujourd’hui, à assoir les conditions d’une force alternative autour d’un idéal commun contre Benno bokk yakaar qui ne cesse de s’élargir et de se massifier nonobstant l’existence de ses propres démons.
Le débat sur la paternité du M23 est alors puéril car ce mouvement appartient au peuple. Si les politiques et la société civile y ont joué un rôle indéniable, c’est juste à titre de catalyseur.
Mais, le mouvement appartient au peuple, qui, en cas de nécessité, trouvera, encore, les ressources nécessaires pour faire face.
C’est pourquoi, pour faire face à la majorité, il est important pour l’opposition significative, de se donner la main et d’assoir, dès maintenant, les conditions objectives d’une alliance stratégique. Alliance non pas forcément électorale, mais, d’abord et surtout pour les combats principiels.
A défaut, elle sera tenue responsable de ce qui adviendra. Car, ce n’est pas un hasard si Macky gagne toutes les élections depuis 2012. Pas d’alliance, pas d’alternance. Une vérité simple que Macky a comprise.
Sa stratégie est seule : resserrer les rangs autour de sa personne et déstabiliser dans les rangs des adversaires. Et ça marche ; jusqu’ici, en tout cas…
Assane Samb