Sangalkam : Le maire Oumar Guèye accusé de torpiller un projet de 15 milliards

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Pour mener à bien leur projet de plateforme logistique, des Canadiens se sont appuyés sur des associés sénégalais attributaires de parcelles situées à Sangalkam. Un projet de 15 milliards de nos francs qui tarde à se réaliser puisque les investisseurs accusent le maire de Sangalkam, le ministre Oumar Guèye, de vouloir le torpiller. Mamadou Diop, adjoint au maire de Sangalkam, dément et parle d’expropriation pour cause d’utilité publique. Située à une dizaine de kilomètres de Rufisque, la commune de Sangalkam fait partie des zones de la région de Dakar les plus convoitées en matière foncière. Une ruée qui explique les nombreux litiges observés dans la zone et qui se soldent souvent devant les tribunaux. Parfois même à coups de machettes. Malheureusement, des préfets, sous-préfets, maires, chefs de villages et promoteurs immobiliers sont toujours accusés, à tort ou à raison, d’être au cœur de cette mafia foncière qui sévit à Sangalkam et environs.

Trois parcelles contiguës d’une superficie de 8 hectares

En tout cas, le litige foncier opposant le ministre-maire de Sangalkam, Oumar Guèye, au sieur Kécouta Niabaly est illustratif des conflits qui minent cette zone à propos des terres. Ce contentieux a pour origine trois parcelles contiguës d’une superficie globale de 8 hectares appartenant à des hommes d’affaires sénégalais dont le sieur Niabaly (6 ha). Compte tenu des opportunités d’investissement attrayantes qu’offre le Plan Sénégal Emergent (Pse), des hommes d’affaires canadiens se sont appuyés sur ces compatriotes attributaires de parcelles pour en faire des associés. Ces derniers devaient payer leur participation au projet à travers des apports fonciers. Il s’agissait de construire une gigantesque plateforme logistique composée d’entrepôts, hangars, bureaux, stations… Pendant deux ans, des études de faisabilité technique et de rentabilité économique ont été faites avec des résultats satisfaisants. Il ne restait donc plus aux associés qu’à fusionner les parcelles afin de procéder à leur mutation au nom d’une société civile immobilière dénommée «Coleah-Properties» qui devait porter le projet.

Mille et une tracasseries administratives

C’est au moment où ils entamaient les travaux de terrassement qu’ont surgi mille et une tracasseries administratives au niveau de la mairie de Sangalkam. Ce alors que le service des impôts et domaines de Rufisque avait déjà enrôlé le projet «Coleah-Properties» pour la prochaine réunion de Commission de contrôle des opérations domaniales (Ccod) pour l’attribution du bail. Autrement dit, tout le projet de plateforme logistique risque d’être remis en question. En effet, il ressort des documents et procès-verbaux de constat d’huissier dont Le Témoin a obtenu copies qu’une équipe composée du sous-préfet de Sangalkam, de l’adjoint au maire et du commandant de la Brigade de gendarmerie s’est rendue sur le site pour procéder à un bornage et un terrassement en vue de construire une Inspection d’Académie. Suite au refus des propriétaires de céder à l’interdiction de la mairie dirigée par Oumar Guèye, le site a été transformé en carrière. Et, depuis le 18 juin 2019, les Caterpillars et autres camions multiplient leurs rotations pour charger le sable jusqu’à rendre le site inexploitable.   

«Nous n’avons pris qu’une petite superficie pour construire une Ief»

Accusés de vouloir torpiller le projet «Coleah-Properties», sur fond de spéculation foncière, les responsables de la mairie de Sangalkam semblent être embarrassés par l’affaire Kécouta Niabaly. À défaut de joindre l’édile de Sangalkam, Le Témoin a contacté son adjoint, Mamadou Diop, qui s’est dit prêt à parler pour clore le débat et éclairer l’opinion sur ce contentieux. Diop dément les accusations des promoteurs du projet par une visite guidée dans la zone à problèmes. Sur place, il présente d’abord le plan de masse du site. Et d’expliquer : «Sur cette terre à perte de vue que vous voyez, il y a trois parcelles jumelées ou contiguës faisant environ une superficie de 8 hectares dont les 6 appartiennent à Kécouta Niabaly. La mairie n’a pris sur le terrain que 1.742 m2 situés en bordure de route pour la construction de l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Sangalkam. C’est une décision préfectorale qui a attribué à la mairie le site conformément au plan de lotissement administratif dénommé Kam 2».

Bataille entre investisseurs «spoliés» et maire «bâtisseur» d’édifices

Toutefois, Mamadou Diop reconnait que la partie expropriée est entièrement prise dans l’espace destiné au projet. «C’est regrettable de vous le dire, mais Kécouta Niabaly et consorts ont dû oublier que les terrains sont du domaine public. Donc le préfet, sur demande de la mairie, n’a fait qu’appliquer la loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique. Et cette future Inspection est un édifice public» précise l’adjoint au maire de Sangalkam. À propos des accusations d’avoir transformé le site en carrière, Diop avoue avoir autorisé les camionneurs d’extraire le sable sur demande de l’entrepreneur afin de faciliter les travaux de terrassement. «Nous sommes presque sur des monts, donc il fallait diminuer le volume de sable pour que le site soit au même niveau que la route», argumente-t-il. Et d’informer que les travaux de construction de l’Ief sont déjà entamés et confiés à l’entreprise Etaplus. «Je vois mal comment des gens peuvent faire arrêter les travaux» se désole Diop. Entre des investisseurs «spoliés» et un maire «bâtisseur» d’édifices publics, la bataille ne fait que commencer. Sauf si le président de la République siffle la fin de la récréation.

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