Indemnisation : 30 ans après la chute de Hissène Habré, les victimes attendent toujours

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Les victimes de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré attendent toujours de recevoir leur indemnisation, 30 ans après sa chute et quatre ans après sa condamnation au Sénégal.

Hissène Habré a été renversé par le Président actuel, Idriss Déby Itno, le 1er décembre 1990, mettant fin à huit années de règne entachées par de la répression et de la torture.
Le 30 mai 2016, Habré a été condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, notamment pour des faits de violences sexuelles et viol, par les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises.
A l’issue d’un procès distinct au Tchad, le 25 mars 2015, une Cour criminelle a condamné 20 agents du régime Habré pour des faits de torture et assassinats et a octroyé 75 milliards de francs de Fcfa d’indemnisation pour les 7 000 victimes, à charge pour l’Etat tchadien d’en payer la moitié et les condamnés l’autre moitié. « Trente ans après que les victimes de Hissène Habré ont été libérées de prison ou ont perdu leurs proches, cinq ans après que la justice de notre pays a ordonné au gouvernement tchadien de les indemniser, elles n’ont toujours reçu aucun centime », a déclaré Jacqueline Moudeïna, principale avocate des victimes. « C’est une insulte faite aux victimes et un affront à l’État de droit», a-t-elle ajouté.
En 2013, lorsque Hissène Habré a été arrêté au Sénégal, le Président Idriss Déby Itno affirmait : « Pour le repos de ceux qui sont morts, pour la tranquillité des vivants, le moment viendra où les vivants et les morts seront indemnisés par le gouvernement de la République du Tchad ». Cette promesse est cependant restée lettre morte.
Au Sénégal, la Chambre d’appel a confirmé la condamnation de Habré en avril 2017, et octroyé 82 milliards de francs CFA à 7 396 victimes identifiées. Elle a mandaté un fonds fiduciaire de l’Union africaine pour lever de l’argent en recherchant les avoirs de Habré et en sollicitant des contributions volontaires. Selon les victimes, «l’Union africaine a toutefois manqué à ses responsabilités car ce fonds fiduciaire n’est toujours pas opérationnel trois ans plus tard. Habré, qui est accusé d’avoir volé des dizaines de millions d’euros du Trésor tchadien, n’a pas non plus versé aucune indemnisation ».

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